Mini-critiques 6

Bienvenue dans ce sixième post de mini-critiques. Les premiers sont disponibles ici.

montage_06Les livres que j’ai vraiment voulu mettre en avant ont droit à un post complet disponible à partir de l’onglet « Livres » (n’hésitez pas à aller consulter la liste des critiques).

Emma, Jane Austen, 1018, 1996

9782264023186Le destin n’y est pour rien. Si les couples se font et se défont, dans le petit bourg de Highbury, c’est qu’Emma s’est improvisée des talents d’entremetteuse. Il est bien plus distrayant, pour une jeune femme accomplie, de s’immiscer dans les affaires matrimoniales des autres plutôt que de chercher mari. À moins de se retrouver prise malgré soi à son propre jeu…

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Je vais sans doute m’attirer les foudres de certains, mais je n’ai pas été convaincue par ce titre de Jane Austen. Autant j’aime l’ambiance, les bons mots, les réflexions pertinentes, autant j’ai trouvé l’auteur en dessous de ses autres romans dans Emma. On voit qu’elle s’est amusée à tisser les liens entre les personnages, à mettre en place les quiproquos mais les ficelles ne sont pas aussi délicates que d’habitude. Emma est une jeune femme curieuse et pénible, une girouette aux idées bien arrêtées à laquelle je ne me suis pas attachée. Il faut quand même bien avouer qu’elle est fatigante !

Catégories : littérature anglaise, classique, Jane Austen

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Demain est un autre jour, Lori Nelson Spielman, Le Cherche-midi, 2013

CVT_Demain-est-un-autre-jour_683À la mort de sa mère, Brett Bohlinger pense qu’elle va hériter de l’empire de cosmétique familial. 
Mais, à sa grande surprise, elle ne reçoit qu’un vieux papier jauni et chiffonné : la liste des choses qu’elle voulait vivre, rédigée lorsqu’elle avait 14 ans. Pour toucher sa part d’héritage, elle aura un an pour réaliser tous les objectifs de cette life list… Mais la Brett d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec la jeune fille de l’époque, et ses rêves d’adultes sont bien différents. 
Enseigner ? Elle n’a aucune envie d’abandonner son salaire confortable pour batailler avec des enfants rebelles. Un bébé ? Cela fait longtemps qu’elle y a renoncé, et de toute façon Andrew, son petit ami avocat, n’en veut pas. Entamer une vraie relation avec un père trop distant ? Les circonstances ne s’y prêtent guère. Tomber amoureuse ? C’est déjà fait, grâce à Andrew, à moins que…
Menée tambour battant, cette comédie romantique sur les rêves de jeunesse, les illusions perdues et la possibilité de refaire sa vie se lit d’une traite. Publié en avant-première en France, le premier roman de Lori Nelson Spielman sera bientôt traduit dans plus de vingt-cinq langues.

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Brett a une petite vie bien rangée et un avenir tout tracé. Mais sa mère en a décidé autrement… En reprenant la liste de ses envies, écrite à 14 ans, la jeune femme ne sait pas encore que tout va être chamboulé ! Lori Nelson Spielman nous propose une petite comédie mignonne, mais pour moi on est quand même loin du « roman phénomène » indiqué par la couverture.

Catégories : littérature américaine, romance, comédie

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Une dernière chose avant de partir, Jonathan Tropper, Fleuve noir, 2013

Silver a une vie de rêve, une épouse et une fille qu’il adore, un foyer chaleureux et une carrière de rock star en plein essor. Ah non, ça c’était avant…
Silver a 44 ans, il est divorcé et vit des royalties de son unique tube. Rock star déchue et père lamentable, il passe ses journées avec ses deux acolytes aussi paumés que lui au bord de la piscine du Versailles, la résidence pour hommes divorcés dans laquelle il a atterri. Son ex-femme est sur le point de se remarier quand sa fille Casey, 18 ans, lui confie qu’elle est enceinte. Pourquoi à lui plutôt qu’à sa mère ? Parce que vu le soin qu’il met à gâcher son existence, il ne risque pas de lui faire la morale. 
Lorsque Silver s’effondre, terrassé par une attaque, le diagnostic est sans appel : s’il ne se fait pas opérer, c’est un aller simple pour la morgue. Mais sa vie mérite t-elle vraiment d’être vécue ? Au grand dam des siens, Silver refuse l’intervention. Le peu de temps qui lui reste à vivre, il veut le consacrer à renouer avec Casey et à devenir un homme meilleur. Alors évidemment, il faut s’attendre au pire…

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J’avais adoré C’est ici que l’on se quitte, j’avais donc hâte de retrouver Jonathan Tropper. Sa signature est d’avoir un sympathique héros complètement out, accompagné d’une famille pas tellement plus équilibrée. Et paf, élément perturbateur : ici le double combo de « Papa, je suis enceinte » et de « Monsieur, vous devez vous faire opérer sinon vous mourrez. » Néanmoins, je trouve que la sauce prend moins que dans ses précédents romans, il manque cette petite étincelle qui fait vraiment éclater de rire, alors que Tropper sait si bien le faire.

Catégories : littérature américaine, histoire de famille

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Poppy Wyatt est un sacré numéro, Sophie Kinsella, Belfond, 2013

Star mondiale de la comédie, créatrice de la très déjantée accro du shopping, Sophie Kinsella est de retour avec un roman toujours plus hilarant, toujours plus délirant, tout simplement irrésistible. 
Grosse tuile pour Poppy Wyatt : alors qu’elle doit dîner dans quelques heures avec son futur mari Magnus et les terrifiants parents de ce dernier, pas moyen de retrouver sa bague de fiançailles. Et une cata n’arrivant jamais seule, on vient de lui voler son téléphone. 
Miracle : là, dans une poubelle, un portable ! 
En un rien de temps, Poppy reprend les choses en main : 
1. Appeler les copines pour le soutien moral 
2. Expliquer à Sam, le dubitatif propriétaire dudit portable, que pitié, c’est juste un emprunt 
3. Tenter de joindre Magnus, aux abonnés absents, et Lucinda, l’hystérique organisatrice du mariage, elle aussi étrangement injoignable 
4. Prévenir Sam de certains messages compromettants pour sa carrière. Ou pas…
5. RETROUVER CETTE FICHUE BAGUE (sous peine de finir vieille fille) 
La mission s’annonce délicate, et il faudra à Poppy une bonne dose d’humour et pas mal de sang-froid pour comprendre que les apparences sont souvent trompeuses et découvrir que l’amour est parfois simple comme un texto…

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L’un des derniers Sophie Kinsella paru ! L’objectif est rempli, comme d’habitude : on glousse voire on rigole franchement en essayant de ne pas voir les grosses ficelles qui tendent la trame. Les personnages sont un peu caricaturaux, et Poppy est l’archétype de l’héroïne kinsellienne : pas trop dégourdie, qui veut bien faire mais qui ne fait qu’empirer la situation, et qui ne comprend rien à ce qu’elle a devant les yeux ! D’un autre côté, avoir un mari qui s’appelle Magnus, ça suffit pour se rendre compte qu’il n’est pas franchement fait pour soi, non ? (Oui, en ce moment j’ai de légers problèmes avec les prénoms des héros…) Mais cela ne nous empêche pas de passer une bonne heure de lecture.

Catégories : littérature anglaise, chick-lit, Kinsella

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Un cœur en flammes, Nora Roberts, Michel Lafon, 2012

Sauter en parachute au beau milieu d’un feu de forêt ne fait pas peur à Rowan. Car son métier, c’est de combattre les flammes. Pourtant, depuis la mort de son coéquipier lors d’un incendie l’été précédent, elle fait des cauchemars toutes les nuits. Mais pas question d’abandonner sa vocation, même quand elle reçoit des lettres anonymes l’accusant d’avoir précipité son collègue dans les flammes, même quand les soupçons ternissent la solidarité des pompiers qui l’entourent…
Certes, le beau Gull aimerait bien la consoler, toutefois Rowan a une règle d’or : ne jamais mélanger le cœur et le travail. Avec les menaces qui se précisent, avec le danger constant qui plane sur chacune de ses missions, une simple erreur peut très vite devenir fatale.

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Après La ruche, il me fallait quelque chose de léger, et un Nora Roberts faisait tout à fait l’affaire. Et il faut dire que ça a fait beaucoup de bien à mes zygomatiques ! Tout d’abord le héros (beau, grand, fort, etc.) s’appelle Gulliver Curry. True story. Et je suis désolée, mais rien que ça, c’est magique ! Ensuite Rowan, la jeune, belle, forte mais fragile au fond, femme ne mélange jamais boulot et plaisir. JAMAIS. Sauf 10 minutes après que Gull (qui sonne bien mieux que Gulliver. Ou pas.) soit arrivé. Bref, rien de bien nouveau, mais c’est une lecture qui met quand même un peu de baume au cœur ! Ah et il y a une petite enquête parce qu’il y a eu un crime. Voilà…

Catégories : littérature américaine, Nora Roberts, romance

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La ruche, Arthur Loustalot, JC Lattès, 2013

« Dans la cuisine, assises à la table, les sœurs boivent des bières et du whisky. Un nuage de fumée les entoure – cigarette sur cigarette. Le rideau est tiré et dehors, la rue est silencieuse.
Vous vous souvenez de leurs disputes ? demande Claire.
Oui, on se souvient. Louise jette son mégot dans un cadavre de bière.
Mais vous vous souvenez de ce que ça nous faisait ? Claire insiste.
Cette violence ? dit Marion.
Et ce que ça a laissé en nous, chuchote Claire.
Vous vous souvenez de la première fois où papa est parti ? répète Marion. Vous étiez toutes petites, peut-être quatre et cinq ans.
Je me souviens, dit Louise.
Je me souviens, dit Claire. Ce que je n’arrive pas à voir, c’est l’écart entre ce qu’on a vécu et nos blessures. Bien avant leur rupture, tout était là, d’une manière ou d’une autre, et pourtant…
On ne sait rien de ce qu’on a vécu. »

De l’appartement, le ciel n’est pas visible. Les portes sont ouvertes ou closes selon des règles tacites. Les mots circulent, vibrent et s’épuisent. Les murs de carton filtrent à peine les secrets.
Depuis le départ de son mari, Alice a sombré dans l’enfer le plus noir.
Marion, Claire et Louise, ses trois filles adorées, n’ont plus que leur amour à opposer à cette spirale destructrice. Un amour infini, aussi violent qu’indicible.

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Un huis clos féminin et angoissant. Une mère qui sombre dans la folie et la dépression, et ses trois filles qui tentent de la ramener à la réalité, tout en se préservant. Un roman très fort qui ne laisse pas indifférent. Mêlant violence et courage, Arthur Loustalot nous plonge au sein de cette ruche bourdonnante, où les voix s’entremêlent autour de la « reine ». On y trouve une impression de chaos, et en même temps tout finit par se mettre en place.

Catégories : littérature française, histoire de femmes, huis-clos

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Parfum de femme, Giovanni Arpino, 1018, 2007

Ce roman fort et poignant – sans aucun doute un des livres majeurs de la littérature italienne du XXe siècle – met en scène un improbable duo : Ciccio, un jeune soldat, et l’officier aveugle qu’il est chargé d’accompagner de Turin à Naples. La figure du capitaine Fausto G., homme fier, cynique et brisé, est inoubliable : sa violence, sa dureté, son côté irrévérencieux et rebelle (contre la société, les bien-pensants, l’Église, les petits-bourgeois, l’hypocrisie en général), poussés jusqu’au comique, dissimulent un profond désespoir. On est fasciné par cet homme détruit et pourtant si fort. Aux côtés de ce personnage, à la fois odieux et pathétique, Ciccio apprend l’excès, la souffrance, le sexe et l’amour salvateur. Porté à l’écran en 1974 par Dino Risi, avec Vittorio Gassman qui eut là un de ses très grands rôles, puis, plus récemment, par Martin Brest, avec Al Pacino, Parfum de femme restera aussi un des grands classiques du cinéma contemporain.

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Ce court texte est puissant, avec des figures masculines qui sont plus complexes qu’elles n’y paraissent au premier abord. Fausto est infect, mais cache des blessures. Le jeune Ciccio paraît complètement écrasé, complètement effacé, pourtant c’est lui le support de Fausto. On sent la haine voué par l’handicapé envers son aide ; comme une volonté de lui reprendre sa jeunesse, sa santé. Et en même temps, le lien entre ces deux hommes dépasse les mots. Le cynisme est présent à chaque page et peut mettre le lecteur mal à l’aise. Une lecture en demi-teinte pour moi.

Catégories : littérature italienne, récit de guerre

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Le noir lui va si bien, Kelly Keaton, Fleuve Éditions, Collection Territoires, 2012

Ari a 17 ans et n’a pas connu ses parents. Son signe particulier ? De longs cheveux blancs et des yeux argentés. Qui est-elle vraiment ? Quelle est cette malédiction dont lui a parlé sa mère dans une lettre écrite juste avant sa mort ? Aidée par le séduisant Sebastian, Ari cherche des réponses à La Nouvelle-Orléans, une ville désormais aux mains de neuf familles puissantes. Dont aucune n’est humaine…

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Nouveau Young Adult qui me tentait bien ! On reste sur le schéma classique une jeune fille qui à problème + un jeune homme pas très net mais meurtri par la vie + une organisation malfaisante = on va droit au chaos ! Néanmoins quelques personnages très attachants comme Violet, une petite fille vampire-gothique absolument adorable (ma phrase peut sembler un peu bizarre, mais Violet et son alligator forment un duo vraiment attachant !). Malheureusement, comme beaucoup de Young Adult ces derniers temps, j’ai été un peu déçue par la facilité avec laquelle l’action se déroule. Ari se lie très vite (trop vite ?) d’amitié avec les enfants, elle se rapproche trop vite de Sebastian, etc. La mise en place m’a paru un peu bâclée. Néanmoins j’ai l’impression de devenir de plus en plus impitoyable avec le YA alors qu’il y a quelques mois c’est un livre qui m’aurait sans doute bien plu. Mais devant la recrudescence des titres, il est difficile d’avoir une qualité constante dans ces ouvrages. En revanche ce titre n’est pas des plus désagréables et saura, j’en suis sûre, convaincre nombre de lecteurs !

Catégories : Young Adult, série, littérature américaine

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Se résoudre aux adieux, Philippe Besson, 1018, 2008

Se refusant au silence, Louise écrit à cet homme qui l’a quittée pour une autre. De longues lettres d’exil, de Cuba, New York et Venise, loin des souvenirs. Des lettres poignantes, laissées sans réponses, mais qui donnent voix aux blessures et empêchent le passé d’expirer dans l’oubli. Pour pouvoir, au bout des mots, réapprendre à vivre et se résoudre aux adieux. 
« Encore une fois, la magie bessonienne fait mouche. Comme son héroïne, l’auteur des Jours fragiles et d’Un instant d’abandon cisèle le détail, ausculte les passions, trouve les mots justes. » Marianne Payot, L’Express

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Philippe Besson est un auteur que j’apprécie beaucoup, notamment Retour parmi les hommes que j’avais adoré. Pourtant il m’a manqué quelque chose dans Se résoudre aux adieux… L’histoire de la fuite en avant d’une femme quittée par l’homme qu’elle aime et qui, en lui écrivant des lettres qui n’auront jamais de réponses, finit par guérir de son mal d’amour. Je pense que Besson ait plus doué dans ses descriptions de relations masculines, que c’est vraiment ça qui fait sa force. Se faire la plume d’une femme n’est pas l’exercice dans lequel il excelle. Dommage.

Catégories : littérature française, roman épistolaire, besson

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L’Anglais, Denise Bombardier, Robert Laffont, 2012

Un véritable conte de fées moderne qui (re)donne envie de croire au prince charmant… même après cinquante ans ! Les contes de fées existent… La preuve ? Ce roman autobiographique, porté par la verve de la Québecoise Denise Bombardier. Ou comment, à plus de cinquante ans, une femme qui a toujours été à la pointe du combat féministe et vécu plusieurs histoires d’amour compliquées et douloureuses qui ont sapé sa confiance dans les hommes rencontre, au moment ou elle ne l’espère plus, l’amour de sa vie…
Répondant à l’invitation du Dr Philip T. Spencer, Denise B. accepte du bout des lèvres de se rendre à Belfast, en Irlande du Nord, ou cet émérite professeur à Trinity College organise un colloque. Elle s’attend à être accueillie par un vieil Irlandais barbu et bedonnant au visage raviné par les pintes de Guinness. C’est tout le contraire qui se produit : le Dr Spencer est un Anglais francophile et 100 % British, beau  » comme un acteur de cinéma « , incroyablement séduisant et pourtant tout l’inverse d’un séducteur. Tout l’inverse, surtout, de ce qu’elle a connu jusque-là, ce qui est aussi déstabilisant qu’attirant… Le coup de foudre est immédiat.
Tour à tour drôle et émouvant, L’Anglais retrace la chronique de ce grand amour : l’improbable rencontre, la cristallisation, les émois et angoisses des débuts, l’attente et le désir, les  » méfie-toi, c’est trop beau pour être vrai  » des copines, les voyages pour se retrouver par-delà l’océan (Denise vit au Québec, Philip à Dublin), jusqu’à la décision de la vie commune, ses (petits) aléas et ses émerveillements quotidiens, les préparatifs du mariage (l’essayage de la robe est un grand moment !), la cérémonie, la lune de miel qui n’en finit pas de durer…

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Denise Bombardier raconte l’histoire d’amour qu’elle vit avec Philip. Le seul problème pour moi, c’est que c’est beaucoup trop personnel. Je n’ai pas envie de savoir tout ce qui s’est passé entre eux, il y a des choses que l’on devrait garder pour soi. Il y a également un côté mièvre qui m’a vraiment dérangé. Absolument pas convaincue !

Catégories : autobiographie, histoire d’amour, littérature canadienne

4 thoughts on “Mini-critiques 6

      • J’ai vu une adaptation de la BBC il n’y a pas très longtemps, c’est de celle-là dont tu me parles ? Le problème c’est que je trouve que c’est plutôt prévisible comme histoire, et que le fait qu’elle se rende compte (ATTENTION, SPOIL !) que son grand amour était devant son nez depuis tout ce temps, qu’elle en prenne conscience en deux minutes et qu’elle se déclare follement amoureuse, ça m’a rendu un peu dubitative je dois dire…

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